Raymond Adolphe Séré de Rivières (Albi 20 mai 1815 - Paris 16 février 1895)

Ingénieur Polytechnicien et militaire français, Raymond Adolphe Séré de Rivières, est né le 20 mai 1815 à Albi dans le Tarn, dans une famille de noblesse du Languedoc. Il est mort le 16 février 1895 à Paris, à l'âge de 80 ans.

Cadet d'une famille de quatre enfants, originaire du Languedoc, Raymond Adolphe Séré de Rivières repose aujourd'hui au cimetière du Père Lachaise, sa modeste sépulture porte simplement l'épitaphe " Lapides clamabunt " ce qui signifie " Les pierres témoigneront ".

Ce général français a donné son nom à une ligne de fortifications construite après la guerre de 1870. On le surnomme le Vauban du XIXème siècle. Il a fait construire 532 ouvrages entre 1874 et 1885 : 196 forts, 58 petits ouvrages, 278 batteries de Dunkerque à Nice.


Photo de gauche : Ce buste d'Adolphe Séré de Rivières figure au Fort d'Uxegney (près d'Epinal)
Photo de droite : La tombe du général Séré de Rivières au Père Lachaise, à Paris, avec la mention  " Les pierres témoigneront "


Étudiant à Paris, il est admis en 1833 à l'École militaire de Saint-Cyr, mais il fait le choix de ne pas y entrer, préférant poursuivre ses études de droit. 

Il entre à l'École polytechnique en 1835, il en sort en 1837 avec le grade de sous-lieutenant. 

Il intègre alors l'École d'application de l'Artillerie et du Génie de Metz où il apprend les bases de la fortification permanente. 

En 1839, il rejoint le second régiment du Génie d'Arras où il perfectionnera ses connaissances. Il s'inspire des idées du Marquis de Montalembert (1714-1800).

Lieutenant en 1841, il est capitaine de deuxième classe en janvier 1843, puis nommé à la Chefferie de Toulon en avril de la même année. À ce poste, il fait preuve de capacités inhabituelles en matière de fortifications, art dont la maîtrise guidera sa carrière. 

À Toulon, son œuvre comprend la caserne du Centre, le fort de Six-Fours et le fort du Cap-Brun. C'est à Toulon, en 1843, qu'il rencontre Honorine Garnier la fille du maire avec laquelle il se marie en 1847. En 1850, il accède au grade de capitaine de première classe.


Il fut muté successivement :

- à Perpignan en octobre 1848,
- à Castres en mars 1849,
- à Carcassonne en juillet 1853,
- à Orléans en mars 1860 
(après avoir participé à la campagne d'Italie de 1859),
- à Paris-Nord en octobre 1860,
- à Nice en janvier 1862,
- à Metz en août 1864,
- à Lyon en avril 1868.

Son idée maitresse en matière de fortifications :

- Faire reposer les défenses d'une place sur un ensemble de forts détachés plutôt que sur une ligne continue.
- A été mise en œuvre dans nombre des places où il a été amené à exercer :
> A Toulon, mais aussi Nice (ouvrages de la Tête de Chien, de la Drette et de la Revère). 
> D’octobre 1864 à avril 1868, devenu chef du génie de la garnison de Metz, il est chargé de la mise en œuvre du camp retranché de la ville. Il prévoit la construction de huit forts, quatre ouvrages (Saint-Quentin, Plappeville, Saint-Julien et Queuleu) verront le jour.
> Nommé colonel en mars 1868, il devient, dès avril, directeur des fortifications de Lyon avec pour mission de réorganiser la défense de la place. Il y construit notamment une enceinte continue reliant les forts de Caluire et de Montessuy.


La guerre franco-prussienne : 
La défaite de 1870 vient renforcer son projet de fortification

Le 4 septembre 1870, suite à la chute de l'Empire de Napoléon III, le colonel Séré de Rivière parvient à contrôler l'insurrection de la ville tout en plaçant Lyon en état de défense. En octobre 1870, suite à ces actions, il est promu Général de brigade.

 
Trois mois plus tard, il est nommé commandant du génie du 24e Corps de l'armée de l'Est, sous les ordres du général Bourbaki, et il prend une large place dans la victoire d'Arcey (Doubs), ce qui lui vaut la place de commandant du génie de l'Armée de l'Est. 


Quelques semaines plus tard, il est affecté ensuite aux opérations menées par contre la Commune de Paris.

A la tête du génie du 2e corps de l'armée de Versailles, il dirige les sièges des forts d'Issy, de Vanves et de Montrouge, qu'il enlève aux Fédérés en mai 1871. 

À l'automne 1871, Séré de Rivières est à la tête d'une campagne de reconnaissance de la défense de la France au niveau de la frontière italienne, et en 1872, il est chargé d'instruire comme rapporteur le procès de maréchal Bazaine. 

Son rapport sur la capitulation de Metz en 1870, remis le 6 mars 1873, met en avant les responsabilités et les échecs du maréchal lors de la défense de la ville lorraine.



De nombreuses photographies représentent le Général Séré de Rivières avec son bicorne de Polytechnicien



Récépissé signé de la main de Séré de Rivières lorsqu'il reçoit sa décoration de Grand-officier de la Légion d'Honneur, le 24 avril 1878.

L'historique du système Séré de Rivières

Suite de la défaite de la guerre de 1870 avec la Prusse, la France ayant perdu l'Alsace et une partie de la Lorraine, il faut envisager la protection de la nouvelle frontière. Le 17 Juillet 1874 une loi cadre est votée, des crédits d'un montant total de 88 millions de francs sont alloués à la construction du système préconisé par le général Séré de Rivières.



Le système du général Séré de Rivières est de doter les frontières de l'est d'un ensemble de forts répondant à trois impératifs :

1) Empêcher toute offensive ennemie.
2) Faciliter la mobilisation des troupes en cas d'attaque.
3) Servir de bases de départ à une éventuelle reconquête des territoires perdus lors de la guerre de 1870.

Ce système prévoit la construction de quatre camps retranchés : Belfort, Epinal, Toul, Verdun. Ces camps doivent être reliés entre eux par des forts de liaisons, se couvrant les uns les autres du feux de leurs canons.

D'autres camps retranchés de moindre envergure sont prévus, il s'agit de Besançon, Dijon, La Fère, Langres, Laon et Reims. Ce sont tous d'importants nœuds ferroviaires.

Pour la première fois dans l'histoire de la fortification permanente, le principe du rideau défensif est mis en application.


La construction d'un fort dure entre deux et trois ans. Aussi lorsqu'en 1875 les relations franco-allemandes se détériorent au point de craindre une reprise des hostilités, de nombreuses redoutes en terre sont elles érigées afin de compléter l'ébauche du système défensif en construction. Certaines d'entre elles seront laissées en l'état, d'autre se verront complétées par des constructions en maçonnerie ou en béton.

La fortification avant 1885

Les nombreux sièges de la guerre de 1870, qu'ils aient été menés contre des forteresses à simple enceinte, ou pourvues d'ouvrages détachés, ont permis de fixer les principes de base de l'organisation des nouvelles fortifications.
Il convenait, comme déjà avant 1874, de mettre les villes fortifiées à l'abri des bombardements ennemis en cas de siège, en établissant dès le temps de paix, des ouvrages permanents, en avant des villes, obligeant l'assiégeant à se placer à une distance rendant tout bombardement de la ville impossible.
Il fallait en outre les protéger d'éventuels "coups de main", on décida donc à cet effet, de maintenir les enceintes fermées pré-existantes.
Enfin, profitant de la portée accrue de l'artillerie rayée, on envisagea la création d'une première ligne de défense, située en avant des ouvrages détachés, à une distance telle qu'elle permettait d'obtenir de ces derniers un appui d'artillerie efficace.
Les villes ainsi protégées prirent le nom de "noyau central".


Il résulte de ce qui précède que l'organisation défensive d'une grande forteresse doit comprendre les lignes suivantes (en partant de la zone la plus éloignée du noyau central) :


- Une ligne de défense extérieure à distance convenable de la ligne en arrière pour être soutenue efficacement par l'artillerie de cette dernière.

- Une ligne principale de défense formée par la ligne des forts détachés ayant pour objet :
De maintenir l'artillerie de l'attaque à une distance du noyau central telle qu'elle ne puisse en effectuer le bombardement.
De favoriser la défense extérieure et de retarder l'investissement de la place.
De soutenir la lutte d'artillerie, c'est-à-dire de permettre à l'artillerie de la défense de lutter efficacement contre l'artillerie de l'attaque qui cherchera à ruiner les moyens du défenseur et à le chasser de ses positions.
De former une barrière pour empêcher l'ennemi d'approcher de la place.

- Un noyau central ayant pour but de mettre le commandement de la place et les approvisionnements de toute nature qui y sont stockés, à l'abri d'une surprise.

La ligne de défense extérieure :

Afin d'être efficacement soutenue par l'artillerie de la ligne principale de défense, elle était implantée au maximum à 3 km de cette dernière.
Relevant de la fortification passagère, elle s'appuyait sur les obstacles naturels, ou à défaut sur des retranchements crées de toutes pièces.
Son organisation était prévue dès le temps de paix, afin de permettre sa mise en oeuvre rapide au moment du besoin. Toutefois, certains travaux (déboisement pour le dégagement des champs de tir ...) demandant un temps d'exécution trop long pour être réalisés au moment d'un siège ou lors d'une mobilisation, était exécutés dès le temps de paix.


La ligne de défense principale :

L'artillerie étant l'élément essentiel de la défense, on décida de lui donner la meilleure protection possible, tout en prenant toutes les dispositions favorisant son efficacité. Elle fut donc intégralement placée dans les forts. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'on la plaça dans des batteries annexes, aux abords immédiats des forts, et ce pour couvrir des points que les forts ne pouvaient battre correctement. De même l'ensemble des munitions nécessaires à l'artillerie et aux défenseurs fut placé dans les forts.
Afin de protéger le noyau central des bombardements, il faut maintenir l'artillerie de l'assiégeant à 9 km dudit noyau. L'artillerie d'un fort pouvant maintenir l'ennemi à une distance de 2 à 3 km, il résulte que les forts (et donc la ligne principale de défense) devaient être implantés à 6 à 7 km du noyau. Ces distances théorique pouvaient grandement varier en fonction de la topographie du terrain.
La distance entre deux forts, liées à la portée efficace de leur artillerie, est théoriquement de 3 km afin de permettre le croisement de leurs feux. cependant, cette configuration nécessitant des dépenses trop importantes, on implanta les forts de manière à ce que tout point de l'intervalle les séparant soit battu par l'artillerie de l'un deux, à défaut des deux, soit 6 km maximum. Des redoutes armées de pièces de campagnes devaient être construites au moment du besoin, afin de compléter la défense des dits intervalles.
Lorsque la configuration du terrain imposait une distance entre deux forts supérieure à 6 km, et afin de maintenir la continuité de feux, on recourait à des batteries d'intervalle, version réduite des grands forts.

La crise de l'obus torpille

Au cours des années 1880, alors qu'une grande partie des ouvrages du plan Séré de Rivières sont sortis de terre, vont intervenir deux découvertes améliorant l'armement qui vont remettre en cause les principes techniques même ayant régis la construction de toutes ces fortifications.

Il s'agit d'abord de l'apparition de l'obus à mitraille, dont le détonateur était réglé pour le faire exploser en l'air. Les imposants massifs de terre n'étaient plus alors d'aucune utilité pour protéger les servants des pièces situées à l'air libre.

Puis en 1884, l'ingénieur Vielle découvre le coton-poudre gélatinisé, c'est à dire la poudre sans fumée. Ce nouvel explosif est utilisé pour la charge propulsive des obus. Les pièces deviennent alors, débarrassées de leurs nuages de fumée accompagnant chaque tir, beaucoup plus difficiles à localiser pour les contre-batteries.

Mais surtout en 1885, il s'agit de la découverte par Eugène Turpin, ingénieur français, d'un nouvel explosif chimique, la mélinite, qui surpassait en puissance l'ancienne poudre noire. Cet explosif sera utilisé pour la charge détonante des obus.



En 1886, est réalisé un obus cylindro-ogival à "explosif brisant", utilisant le nouvel explosif. Il est fabriqué en acier au lieu de la fonte utilisée jusqu'alors. Ces avancées techniques permirent à la fois d'augmenter la portée des canons, mais aussi d'augmenter la quantité d'explosifs des obus (meilleure densité).

Cette même année sont réalisés des tests de destruction sur le fort de la Malmaison (Aisne), à l'aide de deux canons de 155 mm et 220 mm tirant les nouveaux obus.
Les résultats sont sans appel : les voûtes en maçonnerie sont percées, les superstructures du fort sont bouleversées, les fossés partiellement comblés. Les forts nouvellement construits ne pourront pas résister à une telle attaque.

Les ingénieurs militaires vont apporter plusieurs solutions à cette crise, plus connue sous le nom de "crise de l'obus torpille" :
Mise sous casemate ou sous tourelles des canons pour leur offrir une meilleure protection
Dispersion des canons jusqu'alors concentrés dans l'enceinte du fort, dans de multiples batteries extérieures, beaucoup plus difficilement localisables
Renforcement des casernement existant par une couche de béton non armé, d'une épaisseur variant de 1,50 m à 2,50 m, coulée sur les maçonneries existantes, recouvertes d'environ 1 m de sable (uniquement appliqué pour les ouvrages considérés comme prioritaires)
Remplacement des caponnières devenues trop vulnérables par des coffres de contrescarpe en béton
Emploi exclusif du béton spécial de fortification, puis du béton armé pour la construction de tous les nouveaux ouvrages.

La fortification après 1885

Comme nous l'avons vu précédemment, les années 1885-1886 ont vu l'apparition de nouveaux obus et explosifs qui vont remettre en cause les principes même de la construction des forts. Ces avancées technologiques vont aussi remettre en cause l'organisation des lignes de défense qui avait été établie en 1874. Nous allons voir ici quelles furent les évolutions de l'organisation générale des forteresses après 1885.

Les nouveaux moyens de l'attaque rendaient impossible le service des pièces située à l'air libre, en raison des dangers représentés par les shrapnels, les éclats des obus à la mélinite et les gerbes produites par l'explosion de ces derniers dans les talus, et par conséquent enlevaient toute valeur aux lignes de défense. Deux solutions s'offraient alors aux concepteurs des forts :

Laisser l'artillerie dans les forts, mais la placer sous cuirasses.


Sortir l'artillerie des forts, en ne laissant dans ceux-ci que les pièces nécessaire à sa défense propre, celles destinées au flanquement et celles, en nombre restreint, dont le service pouvait encore être possible de part la position particulière de l'ouvrage ou du moment où elle seraient amenées à jouer un rôle.

C'est la seconde solution qui fut dans un premier temps retenue, les cuirassements de l'époque n'ayant pas le développement technique qu'ils auront avant la première guerre, et représentant une charge financière que la France n'était pas à même de supporter. La dispersion de l'artillerie dans les intervalles va donc déterminer le mode d'organisation mis en place après la crise de l'obus-torpille.

Le changement d'organisation des forteresses n'a pas eu comme conséquence d'augmenter ou de modifier le rôle des lignes de défense, à cette exception près, que l'on encadra l'organisation du terrain entre la ligne principale de défense et le noyau central par la création d'une nouvelle ligne de résistance, dite de soutien, destinée à retarder l'attaque du noyau central après la chute de la ligne principale.

La ligne de défense extérieure

Elle ne fut pas modifiée par la nouvelle organisation.

La ligne de défense principale

Les rôles et les modalités d'implantation de cette ligne ne furent pas remis en cause par les nouveaux progrès techniques, ce qui ne fut pas le cas de ses éléments constitutifs. Ainsi elle doit maintenant comprendre de solides points d'appuis, constitués par les forts et ouvrages intermédiaires, qui constituent des "clés de position" que l'assiégeant est contraint d'attaquer, de l'artillerie, placée majoritairement en dehors des points d'appuis, et enfin des lignes d'infanterie destinées à protéger et à soutenir les positions d'artillerie.

Les forts

Ils doivent résister aux bombardements avec les nouveaux obus et explosifs.
Ils doivent résister à une attaque de vive force, et doivent donc être fermés, munis d'obstacles sérieux (fossé, défenses accessoires ...), procurer un abri sûr aux défenseurs et à l'artillerie jusqu'au moment de leur entrée en action.
Ils peuvent exercer une défense éloignée (action lointaine).
Ils doivent assurer le flanquement de la ligne, c'est à dire donner des feux en avant des saillants des forts voisins et dans les intervalles qui les séparent de ceux-ci. Pour que le dit flanquement soit complet, la distance de 6 km ne le permettant pas, on implanta des ouvrages intermédiaires entre chaque forts.

Les ouvrages intermédiaires

Ils permettent d'assurer un flanquement de mousquetterie entre forts et ouvrages qui ne dépasse pas 1500 m. Dans les cas de relief accidenté il peut être nécessaire de réduire encore l'intervalle par la construction de redoutes destinées à l'infanterie seule.
Ils doivent résister aux bombardements avec les nouveaux obus et explosifs.
Ils doivent résister à une attaque de vive force, et doivent donc être fermés, munis d'obstacles sérieux (fossé, défenses accessoires ...) et procurer un abri sûr aux défenseurs.

Les emplacements de l'artillerie

- Les batteries de protection (batteries de campagne) sont destinées à appuyer et à protéger les lignes d'infanterie. Elles sont d'abord placées sur la ligne extérieure, et suivent dans leur retraite les troupes qui défendaient celle-ci.

- Les batteries extérieures, destinées à soutenir la défense extérieure et la lutte d'artillerie ce décomposent en deux catégories :

- Les batteries de crête, enterrées autant que possible pour empêcher le réglage du tir adverse, protégées par des défenses accessoires et construites dès le temps de paix.

- Les batteries hors vue, placées en arrière de la crête topographique, et ne nécessitant que l'établissement de plate-formes pouvant être réalisées au moment du besoin.

Les lignes d'infanterie

Elles ont pour mission d'empêcher l'assaillant de s'emparer de vive force des batteries extérieures. Elles sont établies sur les principes de la fortification passagère et seront construites au moment du besoin.
A partir de 1900, on passe à un concept d'organisation permanente des intervalles. Les lignes vont être aménagées en béton, et seront complétées par des abris pour la troupe, pour une ou une demi compagnie, installés à contre pente, suivant des modèles définis en 1898 et 1913.

La répartition des munitions

La concentration des approvisionnements en munitions n'était plus souhaitable, car elle aurait nécessité la construction d'un nombre considérable d'abris, solution à la fois onéreuse et pénalisante pour la taille et le relief des ouvrages concernés. Par ailleurs, une telle concentration aurait privé tout un secteur de ses approvisionnement en cas de ruine de l'ouvrage. C'est pourquoi il a été décidé d'échelonner le dit approvisionnement :

Dans les forts et ouvrages, se trouve l'approvisionnement destiné à la défense propre, réparti dans des locaux à l'épreuve : magasin aux gargousses, aux projectiles ordinaires, aux projectiles à mélinite, dépôt de fusées, de détonateurs, magasin aux munitions d'infanterie.
Dans les batteries, des niches contiennent quelques coups par pièces (munitions de sûreté).
Aux abords immédiats des batteries, des magasins de batteries contiennent l'approvisionnement nécessaire à une ou deux journées. Ils ne sont pas nécessairement à l'épreuve, leur protection étant assurée par leurs faibles dimensions et leur dispersion.
Les magasins intermédiaires peuvent répondre à plusieurs missions, servir de relais entre les magasins de batteries et le magasin de secteur, stocker la moitié des approvisionnements des magasins de batteries si ceux-ci sont trop exposées ... Ils sont à l'épreuve, et comportent toute ou partie des locaux suivants : magasin aux projectiles chargés ordinaires, aux projectiles à mélinite, atelier de chargement, dépôt de fusées, de détonateurs, atelier d'amorçage.
Les magasins de secteur renferment les munitions destinées à la défense d'un secteur de la place. Ils contiennent l'approvisionnement nécessaire à une ou deux journées. Ils sont placés en arrière de la ligne principale, et même de la ligne de soutien afin de pouvoir encore être utilisés après la chute de cette première. Ils sont à l'épreuve et comportent : magasin aux gargousses chargées, magasin aux projectiles chargés ordinaires, aux projectiles à mélinite, atelier de chargement, dépôt de fusées, de détonateurs, atelier d'amorçage, magasin de projectiles vides, magasin de gargousses non chargées.
Les magasins centraux, situés dans le noyau central et contiennent tous les approvisionnement n'étant pas dans les autres magasins.

Les voies de communications


L'éclatement des ouvrages de défense et des approvisionnement a nécessité la construction de routes stratégiques, établies dès le temps de paix, le long desquelles on a installé des voies ferrées de 0,60 m.

Ces voies étaient de deux sortes :

- Périphériques : reliant entre eux les différents éléments de la ligne principale, et comportant si nécessaire des embranchements au droit des ouvrages.
- Rayonnantes : reliant les précédentes au noyau central et comportant des embranchements au droit des magasins de secteurs et des magasins intermédiaires.

La ligne de soutien

Elle est implantée à 2 à 3 km en retrait de la ligne principale, et s'appuie à ses extrémités sur deux points d'appuis principaux de la ligne principale. Elle comprend des points d'appuis principaux, des batteries extérieures et des lignes d'infanterie. Ses composants, si ils n'existent pas déjà (ouvrages anciens), sont établis sur les principes de la fortification passagère.

Le système Séré de Rivières

Le système Séré de Rivières est un ensemble de fortifications bâti, à partir de 1874, le long des frontières et des côtes françaises, en métropole ainsi que dans quelques colonies. Ce système défensif remplace les fortifications bastionnées mises en place notamment par Vauban. Il doit son nom (non officiel) à son concepteur et promoteur, le général Raymond Adolphe Séré de Rivières.



Le système est basé sur la construction de plusieurs forts polygonaux enterrés (qualifiés de « forts Séré de Rivières »), formant soit une ceinture fortifiée autour de certaines villes, soit un rideau défensif entre deux de ses places, soit des forts isolés. Ces éléments ont été partiellement modernisés de la fin du XIXe siècle jusqu'en 1918, pour former ce que les Allemands ont appelé la « barrière de fer ». Son équivalent est en Allemagne la série des forts von Biehler et en Belgique les forts Brialmont.

Le Général Brialmont


Les forts Séré de Rivières subirent l'épreuve du feu lors de la Première Guerre mondiale, soit quarante ans après le début de leur construction : ils démontrèrent par leurs résistances l’intérêt de la fortification (Douaumont, Moulainville, Vaux, etc.). La grande majorité d'entre eux sont déclassés pendant l'entre-deux-guerres, leur rôle étant repris par les ouvrages de la ligne Maginot. Les forts, rendus aux communes, sont maintenant le plus souvent laissés à l'abandon. Néanmoins, certains restent propriété du ministère de la Défense en raison des bombardements reçus rendant la dépollution pyrotechnique quasi impossible.

Le père du système défensif français du XIXème siècle


En juin 1873, il prend le poste de secrétaire du Comité de Défense créé en juin 1872 par Adolphe Thiers, président de la République française, pour élaborer la nouvelle défense du territoire. Il expose en 1874 sa thèse sur un nouveau système de défense des frontières. Son projet, accepté par l'Etat le 17 juillet 1874 (loi relative à l’amélioration des défenses de la frontière de l’Est), permet de débloquer les crédits pour la construction des ouvrages.

Devenu Directeur du service du Génie au Ministère de la Guerre, il a la mission de construire une ligne de défense fortifiée de Nice à Dunkerque pour s’opposer à une éventuelle attaque ennemie, faciliter le déplacement des troupes en cas d'offensive et permettre la reprise des territoires perdus suite à la guerre de 1870-71.

Élevé au grade de Général de division en octobre 1874, il réfléchit l’organisation de la frontière du nord et du nord-est en quatre groupes :
- le groupe Jura, avec la place de Besançon ;
- le groupe Vosges, s’appuyant sur Épinal et Belfort ;
- le groupe de la Meuse, constitué par un rideau d’ouvrages reliant Verdun à Toul par les Hauts de Meuse ;
- le groupe Nord, s’étendant de Montmédy à Dunkerque, s’appuyant sur Maubeuge et Lille.


Fort de Douaumont

La défense de la frontière italienne est aussi prévue par un renforcement des vieilles forteresses de montagne. L’ancien camp retranché de Lyon, puissamment renforcé, contrôle cet ensemble. Le littoral est également renforcé (Nice et Toulon) ainsi que la barrière pyrénéenne et la côte atlantique. Le centre du système est la place fortifiée de Paris et son camp retranché constitué de plusieurs forts situés plus en avant de ceux de 1840.

Séré de Rivières gère la construction de cette ligne jusqu’au 10 janvier 1880, jour où il fut relevé de ses fonctions suite à un bouleversement gouvernemental. Il est alors remplacé par le directeur des fortifications de Grenoble, le général Cosseron de Villenoisy, qui poursuivra néanmoins son programme, sans grands changements.

En tout 196 forts, 58 petits ouvrages et environ 278 batteries sont construits jusqu’en 1885. Avant la Grande Guerre, on ajoutera à cet ensemble 16 forts, deux redoutes, 114 ouvrages, 15 blockhaus et sept fortins.

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